



|| De la physique à la métaphysique, la forme du dodécaèdre est inscrite dans l’histoire comme un archétype majeur et mystérieux.
Dans le dialogue Timée (env. 358 av. J.-C.), Platon pense une géométrisation du monde, il associe chacun des quatre éléments (la Terre, l'Air, l'Eauet le Feu) à un solide régulier.
|| Dans ce geste « primal » de design, Platon associe le dodécaèdre au 5ème solide, 5ème élément représentant « le dieu utilisé pour arranger les constellations sur tout le ciel ». Cette QUINTESSENCE, au sens propre, sera rebaptisée "aithêr" ("aether" en latin, « éther » en français) par Aristote pour définir cet élément dont est fait l'univers, et qui est consubstantiel à tous les autres (cette notion d’éther perdurera jusqu’au 19ème siècle).
{Aux 2ème et 3ème siècles, on le retrouve en Europe sous forme d’objets religieux, « magiques », de culte, de divination.}
|| Plus contemporaine, une réminiscence mystérieuse de la géométrie platonicienne émerge au coeur des travaux de l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet (spécialiste de réputation mondiale pour ses travaux sur la cosmologie). En se basant sur l’analyse de certaines anomalies dans les observations du fond diffus cosmologique, il propose en 2003 une interprétation de ces anomalies comme étant une signature indiquant que l'univers aurait la topologie d'un espace dodécaédrique de Poincaré.
L’univers serait-il ontologiquement un dodécaèdre ?
Précisons pour conclure que le dodécaèdre est aussi présent à l’état naturel sous la forme de cristaux de pyrite.
|| Æther est un premier geste qui propose d’intégrer cette forme « quintessentielle » au sein d’un « cosmos domestique», en lui prêtant une fonction symbolique de luminaire.
C’est un voyage le long de la frontière entre archétype, abstraction géométrique et réalité ontologique, frontière possiblement perméable si l’on en croit les travaux de Jean-Pierre Luminet.
Ce geste s’inscrit dans une démarche plus globale visant à intégrer au sein d’un espace personnel des archétypes majeurs et mystérieux, afin d’en questionner la fertilité et les interactions. ||
|| Æther est réécrit ici, dans une version en grès et bois qui met en lumière le grès de Fontainebleau. Pierre la plus abrasive au monde, elle est inutilisée dans la sphère décorative et artistique. {Francisco de Oliveira, qui gère la dernière carrière encore en activité produisant des pavés de grès de Fontainebleau affirme qu'elle est la seule pierre pouvant rayer le diamant}.
Le grès présente à certains endroits des réseaux organiques, végétaux incrustés qu'il a absorbés au cours du temps grâce à sa porosité naturelle.
Un premier défi technique a été relevé pour obtenir des faces minces (4-6mm) sans briser la pierre. Une seconde technique originale a été développée pour réaliser le polissage de ce grès, jugé "impossible" par de nombreux tailleurs de pierre et marbriers. ||

